i ain't even mad bro + roscoe

bros before hoes is something a bro without a hoe would say. ✻ Oh mais putain! C’était le bordel encore. Je roulais des yeux en longeant le couloir. La planche de surf gisait sur le canapé, pleine de sable et de feuilles d’algues séchés. Cet idiot n’avait pas pris la peine de respecter la seule règle que je lui imposais : Partir. Sa présence était pesante. Il cassait mes routines, mes vagabondages spirituels sous le crépuscule. Je soupirais en sortant mon paquet de cigarettes. Je refusais de faire le ménage pour Roscoe. Je refusais de gérer ses sautes d’humeurs et son caractère excentrique. Les voyages et les compétitions lui étaient monté à la tête. Il se pensait en camp de vacances à chaque visite. Je passais mes mains sur mes cheveux en poussant la porte de la chambre d’amis. Il dormait sur une pile de vêtements, le visage tourné vers la première page de mon Playboy préféré.  J’avais plastifié la couverture pour préserver la qualité du poster de Sarah Harris. Mais mon frère n’avait aucun respect pour les reliefs. Il froissait les courbes magnifiques de ce bombé. Sacrilège ! Je le toisais en faisant tourner la molette de mon briquet. Les vapeurs de la nicotine entouraient ma silhouette. J’hésitais à le réveiller avec un saut d’eau mais il avait l’air adorable comme ça, dans l’inertie totale. Il venait de rentrer. Et pour une raison que je n’expliquais pas, il insistait pour rester. Pour être en famille. Etait-il malheureux ? Etait-ce possible qu’il soit capable d’émotion humaine ? L’océan était le seul à inspirer sa fascination. Le reste était toujours ennuyeux. Comme moi et mes livres. Mes lubies de dramaturges fou. Je tirais sur son drap afin de taper sa jambe. «Hé le con. T’as fais des avions en papier avec le rouleau de pécu ? Avec quoi on va se torcher le cul maintenant ?» Grognai-je en perturbant son sommeil. Il était déjà 17h – il allait encore s’enflammer dans ses discours en clamant qu’il avait besoin d’entretenir son physique unique par le repos, les vagues et la baise. Mais on savait tous que ce n’était qu’une excuse. Les surfeurs n’étaient que des glandeurs.  

bros before hoes is something a bro without a hoe would say. ✻ La vie n’était qu’une succession d’aventures. Les vagues avaient façonné mon frère. L’éclat mousseux de l’océan et ses effluves salées, l’avaient transformé en créature de la liberté. Roscoe était insaisissable. Ses pensées n’existaient pas. Il s’agissait d’une extension de la houle. Une manière de bouger sur la planche. Je voulais admirer son insouciance et le soutenir dans sa folie. Mais chaque aspect de sa personnalité me condamnait encore plus dans la solitude. Je réalisais à quel point nous étions différents. Il avait l’humour déluré, le charme désarçonnant et cette aura désinvolte autour du visage. Tandis que je restais assis dans mon coin, les doigts trempés dans l’huile et l’essence. Je me cachais sous le capot des voitures afin de plonger dans les mécaniques automobiles et les flux de liquide. Je voulais écrire mais je n’avais pas son courage. Je n’avais pas l’impudence et l’esprit volage. Je pinçai les lèvres en fixant ses yeux fermés. Il s’était avachi sur le lit sans respect, sans même prendre la peine de ranger. Il était plus facile de sombrer dans ses lubies. Le surf, les filles, la nourriture et les publicités. La gloire ne se méritait pas. Il fallait travailler dur - et je savais au fond de moi, qu’il était assidu dans ses entrainements. Il était heureux, l’espace de quelques secondes. Parce que monter la vague, ou n’importe quel courbe dodue, lui inspirait une sensation de puissance. Je préférais le confort de mon appartement. Mes routines sportives semblaient si ennuyeuses en comparaison à ses escapades sur les roches. Ross était trop cool. Tout le monde l’adorait; mes amis, mes voisins, Jody. Je haussais les épaules en écoutant ses allusions. Mon poing se serra alors que je me penchais vers son oreiller. «T’as un peu de bave juste là.» Grognai-je alors qu’il se pavanait avec ses canettes de boisson énergisante. On avait reçu un stock plus tôt dans la semaine. Un dizaine de caisses de breuvage avec la face de Roscoe imprimée sur chaque carton. Il était partout- s’en était presque agaçant. «Respecte ton aîné ou je te casse une dent.» Je regardais autour de la chambre. Il y avait de la nourriture partout, de la glace fondue, un paquet de chips entamé. Un vrai carnage. Et monsieur voulait que je fasse les courses pour entretenir sa connerie. «Lève-toi. On va régler ça dehors. J’veux pas casser mes fournitures.»Râlai-je en l’agrippant par les épaules. Je l’attirais vers le salon dans un mouvement brusque, puis je serrais les dents en agitant les bras. «Qu’est-ce que tu fous ici sérieux? Mec si tu dragues Jody la seule grosse vague que tu verras venir c’est mon poing dans ta tronche.» Fulminai-je en ouvrant une de ses boissons. Aussitôt avalé, aussitôt recraché. «On dirait de la pisse. Les gens achètent ce truc?» 

bros before hoes is something a bro without a hoe would say. ✻ Ross était né sous une étoile différente. La constellation nous avait éloigné dès le début. Je ne pouvais pas le rejoindre dans ses frasques quotidiennes, devenir le compagnon de route qu’on imaginait. Je voyais papa en lui. Je voyais ses exodes spirituels et les absences à répétition. Alors au lieu de suivre la voie de la passion, je m’étais confiné dans une routine plus sûre. J’étais le gars qui restait au même endroit. Celui sur qui il pouvait comptait après des mois à naviguer sur les vagues. Mais il n’en avait rien à foutre. Roscoe ne respectait pas cette opposition. Notre équilibre était instable car, nous marchions sur la corde raide. Il avait sa planche et j’avais mon stylo. je fronçai les sourcils en l’attirant dans le salon. Je n’étais pas matérialistes, je n’avais pas les moyens de changer les meubles. Je ne pouvais pas m’offrir ses extravagances, le plaisir de l’insouciance. La rupture avec Zella m’avait détruit. J’avais choisi la solitude parce qu’on ne parvenait plus à se trouver. Ross avait tout manigancé. Il l’avait dragué pour moi. Il avait crée le compte et le contexte pour notre rencontre. Je n’étais qu’un pion dans cette romance. S’amusait-il de mes failles ? Bien sûr que si. Je n’étais qu’amertume et il se prenait pour le soleil. Je serrais ma prise sur ses clavicules, jusqu’à sentir ses os crisser sous mes doigts. Le gout de sa boisson me soulevait l’estomac. C’était un mélange étrange de saveurs fruités et marines. Je remuais le bout du nez. «Tu prêtes ton nom à n’importe quoi. Maintenant je suis associé au mec qu’à la tête imprimée sur des canettes de pisse. » Je haussai les épaules avec désinvolture. Ross semblait s’amuser de mon état. Il ne retenait pas ses sourires lorsque je m’éloignais vers la table. Il essayait de me pousser à bout. Le pire, c’est qu’il y arrivait à la perfection. Je sentais la colère s’étirer dans ma poitrine. S’en était presque douloureux de garder mon calme. Ma respiration était sifflante comme la vapeur d’une fournaise. Elle s’émancipait autour du salon, acérée et sanguine. «Tu objectifies encore les femmes. Je m’en fiche que quelqu’un d’autre frappe à sa porte.» Je tournai la tête en le fusillant du regard. «Tu t’intéresses à ma vie sexuelle, suis touché vraiment mais occupe toi de ton slip. » Je savais qu’il était proche de Zella. Leur complicité ne m’avait jamais pesé. J’avais confiance malgré toutes les idioties et les disputes. Mais je notais cette pointe de jugements ans sa voix. Il n’assimilait pas la fin de nos fiançailles. «J’ai revu Zella y a quelques jours. Elle te passe pas le salut. Pourquoi tu vas pas squatter chez elle. Y a ses neveux ça te feras de la conversation avec des personnes du même âge mental.»

bros before hoes is something a bro without a hoe would say. ✻ Il se foutait de ma gueule! Mon coeur était nostalgique et malade - mais il ne voyait que la rupture, mon départ, l’échec inhérent à toutes mes prises de décisions. Je ne possédais pas ses charmes et ses libertés. Mes mains s’enfonçaient dans les enduits d’huile afin de barboter dans un magma gluant. Je soignais les mécaniques. Le reste m’était interdit. Comme ce rêve stupide de devenir dramaturge. Cette ambition un peu volage et irréelle. Mon talent était froissé sur le papier, et malgré mon insouciance, je continuais à perpétuer la tradition. Chaque soir, je me posais pour écrire. Dès que mon esprit s’éveillait de son ensorcellement, il me semblait exister de nouveau. Roscoe avait les vagues. Je n’avais que des chimères. Je me redressai en fixant sa silhouette athlétique. Son manque de respect ne me touchait plus. Je m’étais habitué à ses répliques insolentes, sa dégaine révoltée et hautaine. Il pensait avoir réussi mieux que les autres. Mais il avait seulement réussi mieux que son frère. «Mon absence de vie sexuelle ? » Grommelai-je en serrant les dents. Il n’avait aucune limite. Je tentai un sourire sarcastique. Voulait-il que je lui fasse une note de frais pour tous les préservatifs utilisés ? P’tit con va. Notre relation avait toujours été étrange ; conflictuelle dans la loyauté. Je savais que malgré ses conneries, il ne me ferait pas sciemment du mal. La famille était importante. Ross s’avança dans le couloir. Le glissement mélodieux du vent lui tenait lieu de marche. Ses prunelles brillaient, traversées par des étincelles de malice qu’il m’était impossible de comprendre. Ou d’appréhender. «De toute façon les gens t’adorent à petite dose. Tu fais rire la galerie mais c’est moi qui prend quand faut te ramener à la maison. Tu bois comme un trou t’es même pas cap de ravaler ton vomi.» Je roulai des yeux - encore une allusion sur mes pratiques sexuelles. Je déglutis à l’évocation des sites de rencontres. Roscoe m’avait imposé l’amour. Il m’avait lié à Zella. Je n’avais rien demandé, et aujourd’hui, je me traînais toutes ces pensées existentielles. Je fis la moue en jetant sa boisson énergétique dans la poubelle. «Ton humour a le même gout que cette merde. Fiche moi la paix. T’en as assez fait. T’as pas mieux à faire ? Chercher un appart ? Trouver une bimbo assez stupide pour te prendre ? Littéralement. » Mon poing tremblait toujours. Et à la moindre occasion, j’étais prêt à lui sauter à la gorge. A la prochaine réplique débile.

bros before hoes is something a bro without a hoe would say. ✻ Mon frère était libre et impudent. Il possédait la force de la jeunesse et l’essence caractérielle de ces surfeurs plein de fougue et d’arrogance. Il n’y avait pas de différence d’âge. Seulement un fossé. Un énorme cratère nucléaire qui se dressait entre nous. Je ne le comprenais pas. Et la plupart du temps, il se fichait de mon opinion. J’étais jaloux de Roscoe, presque autant, qu’il l’était de moi. Notre opposition était complémentaire. Parce qu’il possédait cet attrait pour le bonheur et l’espoir. Il riait de tout et s’amusait à colorer le monde. Mais je ne voyais que le noir. Parfois un peu de gris. Je restais campé sur mes décisions. Je n’osais pas voyager et quitter la quiétude de mon appartement. Je n’osais pas déclarer ma flamme à la voisine dont j’étais amoureux depuis mon déménagement. A la place, je me cachais derrière les feuilles de papiers et les traces de cambouis. J’étais devenu garagiste par dépit. Car le vrai travail payait les factures et me permettait de vivre de manière confortable. Le reste importait peu. Mes ambitions se terraient au fond de mon esprit. Je me redressai en fixant la silhouette de Ross. Je me réjouissais de sa compagnie. La solitude devenait étouffante lorsqu’on avait un cornichon à la place du cul. Je savais aussi qu’il choisissait de rester ici - au lieu d’aller dans la maison familiale ou de prendre une chambre dans un hôtel de luxe. Mais il me fatiguait. Je ne supportais pas ses conneries. Ni ses silences. On n’avait pas de relation; Tout ce qu’il faisait c’était enchaîner ses routines : Surfer, manger, dormir. «T'as rythme de con. Je t’ai rendu service. Tu bavais partout t’aurais pu te noyer dedans. » Grommelai-je alors qu’il menaçait de partir. Il s’offusquait pour un rien. Je l’avais connu plus chieur que ça. J’arquai un sourcil en le regardant s’agiter dans le couloir. Il empoigna sa planche de surf comme si cela lui donnait plus de crédibilité. «Et tu comptes te balader dans la rue torse nu avec ta planche et ta canette? » Il s’arrêta afin de m’assigner un énième pique. S’en était trop. Je serrais les dents en fonçant vers lui. J’étais toujours le premier à frapper. Clairement, il me poussait à la limite de mes retranchements. Parfois j’avais l’impression qu’on avait besoin de cette violence pour continuer. Je le pris par le ventre afin de le hisser contre le mur.«Tu fais le mec. Je t’ai dis de partir tu crois que tu me rend malheureux si tu te casses? » M’essoufflai-je en lu donnant une gifle. «Aller réveille-toi mieux que ça. T’as trop une tête à claque en vrai. »