Mars 1993.Un prénom c'est pour la vie. Ça ne se choisit pas comme on choisi une pizza au restaurant. Non, ça se médite. Ça s'étudie. Alaska. Un bout de terre blanche, un peu sauvage, un peu attachante. C'était parfait comme prénom, et sans savoir que cela irait à merveille au petit être qui venait de pointer le bout de son nez. Car Alaska, avec son teint de porcelaine et sa peau délicate, elle est aussi blanche que la neige. Elle est douce aussi. Une beauté suédoise de pure souche. De quelle façon des parents pourraient-ils être plus comblés ? Ah, elle a de l'avenir la petite Alaska. Avec le fric de papa et maman, l'inaccessible n'existe pas.
Et la vie, lentement, insaisissable, défile et coule entre nos doigts.
Les années passent. Alaska, elle n'a pas froid au yeux. Elle grandit dans un monde où le luxe n'est que banalité. Les gens trouvent qu'il est normal de manger avec des couverts en or. Mais non, Alaska, elle, elle sait bien que ce n'est pas normal. Pourquoi des gens dorment sur le trottoir pendant que d'autres bénéficient d'un cinq étoiles ? Non, ça ne tourne pas rond. Le monde ne fonctionne pas comme il le faudrait. Alors de ses yeux vert, elle foudroie la poupée. Tous ceux qui osent prendre les choses pour acquis, elle s'imagine leur trifouiller le cerveau avec une petite cuillère. Elle ne les aiment pas. Ces gens qui la prenne pour un morceau de soie, ils ne voient pas. Ils sont aveuglés par leurs bouts de papier. Le monde, il n'est pas dans leur cage doré. Il est dehors.
Plus les années passent, moins la jeune Alaska se sent chez elle. Ses parents sont pourtant gentils et attentionnés. Mais comme l'élite avec laquelle ils traînent, ils ont le regard obstrué par leur richesse. La beauté de la vie leur échappe totalement. Alaska rêve de voyage et d'aventure. C'est beau la Suède, mais elle a déjà tout vu. Au delà des grandes eaux, il y a tout un univers à découvrir. La jeune fille croit dur comme fer que la vie se construit sur une longue ascension. Un proverbe dit que le voyage est un retour vers l'essentiel. Elle a dix huit ans et un diplôme en poche. Son devenir, elle peut désormais le prendre en main. Seule.
Mai 2010 - Février 2017.Elle danse, elle virevolte pieds nus dans les champs de blés. La jolie Alaska est libre. Libre comme le vent. Déliée de toute notion d'argent et d'agenda bouffe-temps. Elle rie aux éclats auprès de ses amis d'infortune. Ses compagnons de voyage, ils sont comme elle. Ils veulent vivre la vie, la vraie. Muni d'un simple sac à dos, ils jouent les globes-trotteurs. Elle est heureuse Alaska. Elle vit au jour le jour. Ce monde lui convient, il était fait pour elle. Pour une jeune fille au prénom d'une terre sauvage. Ses parents lui manquent. Ils n'ont pas compris pourquoi elle a claqué la porte, non sans avoir le cœur lourd de les quitter. Mais ils la laissent faire. Ils lui font confiance. De toute façon, ils n'ont pas d'autres choix. Désormais, elle peut enfin visiter l'immensité de cette planète. D'abord l'Amérique du nord et du sud. Ensuite viendra l'Europe. Elle rêve d'aller en Slovénie. Le Tibet bien sûr et puis le Népal et la Sibérie.
Le petit groupe alternèrent mois de travail dans des usines ou dans des fermes et mois de cavalcades. Ce mode de vie leur convient. Ils se disent nomades. Ils rêvent, ils aspirent la liberté. Ils sont beaux, mais naïfs aussi. Si certains resteront ainsi toute leur vie, il est évident que d'autres finiront pas vouloir se poser. Le voyage, c'est aussi le périple d'une vie. On pense à avoir un amant, puis fonder une famille. On se range dans un quotidien bien confortable. Mais Alaska, elle, elle est assoiffée de découvertes. Elle ne peut pas, elle ne veut pas, s'arrêter de marcher. Un pays lui fait de l’œil. La Nouvelle-Zélande. Les autres préféraient aller en Australie. Leur histoire est finie. Sans regrets, Alaska prend le cap en solo. Elle n'a pas peur. Rien ne l'arrête.
Avril 2017.Wellington. Grande capitale où la jeune femme décide de mettre les voiles. Après deplusieurs semaines d'escapades sur l'île, elle veut voir du mouvement. Quoi de mieux qu'une grande ville ? De plus, autour de cette cité se développe un magnifique environnement. Rien que les chutes de Huka Fall, ça la fait saliver. Elle voudrait bien rencontrer des gens aussi. Voir quelles sont les mentalités ici. La Suède, c'est bien différent. Elle se sent prête désormais, pour faire une pause. Une courte, ou une longue. Elle ne sait pas encore. Quoiqu'il en soit, retenez bien ce prénom : Alaska. Car elle vous fera tourner la tête la jolie demoiselle.
Et depuis ...Après avoir fait un premier job en tant que serveuse dans un bar, Alaska a mis en œuvre un projet qui lui tenait à cœur. Elle s’est formée à l’herboristerie. Elle cultive désormais des parcelles de plantes aromatiques et médicinales suivant un procédé d'agro-écologie. Tous ces végétaux lui servent à confectionner des infusions, des produits cosmétiques et de médecine douce qu'elle vend sur internet, sur les marchés et directement depuis son atelier. Alaska a toujours la maladie de la bougeotte, elle a le voyage dans le sang. Cependant, il semblerait qu'elle ait trouvé sa place ici à Wellington. La Nouvelle-Zélande est un pays magnifique qu'elle n'a pas encore entièrement visitée. Elle s'y est fait de nombreux amis. Restera-t-elle ou redeviendra-t-elle nomade ? Seul le temps nous le dira…