Constance Hepburn

Constance … Je ne sais même pas si c’est mon vrai prénom. Lorsque j’ai découvert les papiers, il y avait d’écrit « nom et prénom inconnu ». De quoi vous plomber le moral et vous dire que vous ne valez rien, même pas un simple prénom. Ce fut dur, même terrible. Alors qu’en soit, toute mon enfance, jusqu’à mes 16 ans, tout s’était déroulé parfaitement.

J’ai grandi dans la famille Hepburn, entourée par une mère, un père et surtout un frère aimant et protecteur. Je n’ai jamais été du genre à beaucoup me confier, ni même à mes parents. Celui qui m’a vu dans les pires états n’est autre que Maxence, mon frère. Jamais je n’ai osé montrer mon mal être, ma souffrance ou même les larmes qui s’échappaient de mes yeux. Nous avons grandi aux Etats-Unis, à Boston pour être précis, et je pensais sincèrement que rien ne viendrait ternir le tableau. Certes avec Max, ce n'était pas toujours rose, mais c'est toujours comme cela une vraie relation entre frère et sœur n'est-ce pas ? Se chamailler à longueur de journée c'est notre boulot. Sauf que plus je grandissais, plus je l'admirais, surtout à l'école. J'étais chiante, c'est un fait, mais je devenais tout de même bien plus sage, bien plus douce. Seulement la naïveté faisait toujours partie de moi. Parce que mon monde allait parfaitement bien, j'étais heureuse.

Jusqu'au jour où je compris que j'étais fragile, que je n'étais pas forte et que j'avais terriblement besoin de mon frère. Je peux dire que ma première sortie avec mes amies, je m'en rappellerais toujours. Je sortais des toilettes, je cherchais mes amies, et voilà que trois grands garçons m'encerclaient. Je n'avais que 13 ans, j'allais sur mes 14 ans, et autant dire que je n'étais pas à l'aise avec eux, c'est comme s'ils avaient toujours été des grands méchants monstres. Et le fait qu'ils se montrent menaçants, n'a pas aidé ma façon de voir les garçons. J'avais envie de me cacher, de courir, de pleurer, et je leur disais que mon frère allait venir. Mais je ne devais clairement pas être sûre de moi vu qu'il ne semblait pas me croire. La peur l'emportait. C'était un lieu public mais je me sentais terriblement seule. Jusqu'à ce qu'enfin, il se pointe. Max. Je vis des poings, du sang, de la colère, les traits de mon grand frère qui se refermaient, qui se durcissaient. Je ne comprenais plus rien. Tout se déroula tellement vite. Je me retrouvais de nouveau à la maison, avec lui. Mais il était blessé et je me contenais pour ne pas pleurer. Je me sentais tellement fautive pour ses coups et blessures. Si je n'avais pas attiré ces brutes, si j'étais restée avec mes amies, si j'étais restée avec lui ... Depuis, je dois bien avouer que sortir sans mon frère a été très longtemps compliqué. Surtout qu'il m'avait promis de toujours me protéger et de toujours être là pour moi. C'est vraiment à partir de ce moment là qu'il est vraiment devenu mon meilleur ami, mon confident, celui sans lequel je ne pourrais jamais vivre.

C'est donc peu de temps après que la terrible nouvelle arriva. Les papiers des adoptions. Pas seulement les miens, mais ceux de Max également. Les parents n'étaient pas là et je ne m'étais pour une fois pas bien cachée pour pleurer, c'était sorti tout seul. Tout mon monde s'effondrait et je me sentais plus perdue que jamais. Heureusement il était là pour me réconforter, alors qu'il était aussi détruit que moi. Peu importe nos origines, je voulais juste être sûre et certaine que je ne le perdrais jamais, comme il me l'avait promis trois ans plus. Les parents essayèrent du mieux qu'ils purent de nous expliquer pourquoi ils nous l'avaient cachés. La seule excuse qu'ils trouvèrent pour ma part, c'est que j'avais été abandonné, sans nom, sans identité, sans savoir qui étaient mes parents. Je mis très longtemps à m'en remettre, même encore aujourd'hui, j'en souffre et ça me fait mal d'y penser. Mais lorsque je me sens mal, je souffle un bon coup, et je souris au monde, parce qu'ils n'y sont pour rien. Je sais que montrer mon mal être ne m'aidera pas à avancer, et c'est toujours ce que j'ai voulu faire. Voilà aussi certainement pourquoi je n'ai pas eu le besoin de retrouver mes origines, ceux qui m'avaient donné la vie et abandonné. Je ne voulais pas être déçu une autre fois. J'avais grandi sans eux, je pouvais très bien continuer de vivre sans eux.

C'est aussi peu de temps après cela que je tombais amoureuse pour la première fois. Mais bizarrement, j'ai toujours gardé ça loin des oreilles de mon frère. J'avais bien trop peur qu'il voit mal cette relation. Alors que je lui avais toujours parlé de tout, de rien, et même des garçons mignons. Mais, je m'étais juste arrêté. Au final, ce n'était pas plus mal, parce qu'à chaque rencontre intéressante avec un garçon se retrouvait être totalement inutile et désespérante. L'avantage c'est que je n'avais pas le temps de m'attacher. Il fallut que ce soit le troisième qui me fasse comprendre que le problème venait de moi. J'étais distante, tellement distante que je ne pouvais pas m'attacher, et eux non plus. Je ne comprenais pas au début, mais je ne pouvais pas être amoureuse, je ne pouvais pas donner mon cœur à un homme, être totalement dépendante de cet amour. Je crois bien qu'aujourd'hui, c'est encore la même chose. Et ce n'était même pas voulu, je n'y arrivais pas. Mes relations amoureuses ne furent donc vraiment pas nombreuses. Même lorsqu'on est parti pour Wellington il y a six ans de cela.

Oui, Wellington. Max et moi avions besoin de recul, partir de cette vie de mensonge et se retrouver dans une ville où on pourrait recommencer à zéro, rien que notre famille, à savoir lui et moi. Depuis, je sens que ça va mieux, autant pour lui que pour moi. Même si je meurs d'inquiétude quand il se retrouve blessé, ou quand on m'appelle pour me dire qu'il est inconscient. Je vais vraiment faire un infarctus s'il continue à jouer avec mes nerfs de la sorte. Si je le perds lui, je n'aurais plus personne et je n'aurais plus de raison d'avancer. Grâce à lui, je vois le positif partout, le bonheur de la vie et fais tout pour être toujours de bonne humeur.